Critique de
Christophe Esnault

 

Christophe Esnault parcourt ici six des livres de Catherine Andrieu, en donne des extraits, les annote en une traversée unique.

 

 

« Comment survivre ? » — Écouter ce qui se détache de son corps et de son être, écouter cette chute, quand on lit Catherine Andrieu

« Je voudrais sortir de mon tombeau de verre qui doucement glisse sur les eaux. »

« J’ai beau boire l’eau fraîche de la nuit, ma mémoire noire, je ne me rappelle pas la sortie en psychose. En est-il une ? »

Je suis seule. Enfermée à l’intérieur de moi. La vulve-soleil éclaire le monde. »

Le premier pas chancelant et malade vers la vérité, serait-il le courage de commettre un Je ?

La vie est un théâtre, ne l’avez-vous pas assez entendu, observé ?

Après André Breton, après Marguerite Yourcenar, Spinoza et Nietzsche, après la beauté et la crevasse, ce qui n’a pas suffi pour quitter la vie.

« Double pupilles, double regard de l’enfant sur toi / me jetant de la falaise / Et toi de casser les portes. »

« Je tombe sans fin dans le vide de mes amours tourmentées »

« Il y avait tellement de morts chez moi auxquels je parlais debout sur la fenêtre. »

Faut-il préciser : une femme qui écrit, entière et fragile.

« Un jour je suis venue te voir avec mon oiseau mort dans la poche. » / « Tu es celui qui m’a guérie de tous mes oiseaux morts ».

Catherine Andrieu est en dette, encombrée de toutes ses dettes ? Aujourd’hui plus personne ne considère le don. Ou l’émerveillement réceptionné en don.

« C’est dans mon amour pour toi que s’origine ma création La plus lumineuse. Tu dis écris ou jouis du piano, l’essentiel Est de jouir. »

Dessiner pour retrouver l’enfance, et écrire, toujours et éternellement, depuis l’enfance.

« Vanessa, Isabelle, mes belles et douces amies qui vous êtes défenestrées, peut-être vous manquait-il un feutre à vous aussi, une couleur, alors vous avez pris le rouge sang. »

« L’animal, c’est toujours le retour du même, dit Schopenhauer dans la logique d’une réincarnation. J’ai vécu de merveilleuses chaternités, sept pour être précise. »

« Tu t’appelles Emanon / C’est l’anagramme de no name […] / Tu cherches en vain la preuve / Que quelque chose est vivant. »

L’auteure et l’amour pour ses chats. Cela est trop excessif, un peu de modération où vous finirez chez les fous ou recluse dans le plus effroyable des glissements psychiques… Catherine aime comme Unica Zürn en son Sombre printemps.

Je délaisse les notes prises dans six autres livres de Catherine Andrieu, j’y reviendrais pour moi seul (ou peut-être plus tard, pour une autre note de lecture). Le format carte postale eu été parfait. Ne suis pas le seul à déborder.    

Christophe Esnault

 

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