Critique de
Irène Clara
Un bain d'étoiles
Éditions Vives
Catherine Andrieu note à la fin de ce petit recueil de poèmes comprenant vingt-quatre textes : « C’est l’histoire d’un trou-matisme. C’est un livre que j’aurais
préféré ne jamais écrire. C’est le livre de la vie vivante, c’est-à-dire aussi de la mort ... »
Je relis ses mots qui font mal avant même de découvrir le drame auquel ils se réfèrent. Une communion dans la souffrance d’une femme qui essaie de survivre en peignant et en écrivant. Je retourne
à la première page de couverture où le dessin d’une jeune fille au regard triste et profond cherche le mien. Son visage est orné de pierres précieuses, comme pour un mariage. Sur les cheveux
noirs, une couronne de fleurs, un de ces chats chinois qui vous saluent à longueur de journée. Dans ses mains, un chat, et, difficile à bien définir, une flamme, peut-être. Deux parties, la
première regroupe des textes sous le titre « Les voyages », le deuxième sous celui des « adieux ». Défilent alors des lieux qui évoquent ses souvenirs : Porto-Vecchio, Santa Lucia, la Martinique,
les Antilles, Salambo, L’Océan, Collioure, Royan. Puis, rappelant le calvaire de Frida Kahlo, le désespoir : « Hurler à s’arracher les tripe sur ce tango mexicain / Comme tu danses la bouteille à
la main / Décharnée tes os face au miroir / La vie ça tient à rien, Frida ». Puis les adieux, ceux auxquels on ne veut jamais croire, mais qui ont un nom : cancer. Faire comme s’il n’existait pas
? Il existe quand même. Au téléphone, sa voix enjouée fait croire que c’est elle qui doit consoler celle qui n’est pas malade. Si seulement il n’y avait pas la souffrance ! Mais le cancer a
métastasé –le cancer du pancréas n’est pas banal. Alors surgissent du passé d’autres amis suicidés, sa propre tentative de suicide. « Je voudrais t’ être un asile où déposer ta souffrance / Qu’il
te reste encore un vœu sous une pluie d’étoiles filantes / Te bercer comme une enfant triste berce sa poupée, Caresser tes cheveux comme je m’abandonne à l’Océan / Quand je ferme les yeux
éblouie d’un soleil malade / Imaginant que je suis une mouette qui surfe sur le vent / Mais tu as cassé toutes tes poupées, elles étaient jolies pourtant / Et tu n’as plus de cheveux.». Alors,
pour anticiper, elle a pris un bain d’étoiles, et répondu à l’appel de la mer.
Irène CLARA, irene.clara51@gmail.com
Dans la revue Florilège