Critique de
Patrice Maltaverne

 

A fleur de peau de Catherine Andrieu, suivi de " Interview "

 

Publié par les Editions Vincent Rougier, dans la collection "Ficelle", "A fleur de peau" de Catherine Andrieu est partagé, d'une part, entre une préface d'Etienne Ruhaud, ainsi qu'un entretien avec l'auteur conduit par sa soeur, Jacqueline Andrieu, et d'autre part douze poèmes.

A fleur de peau - recueil qui introduit volontairement d'emblée le lecteur dans l'univers du poète édité - porte bien son titre.

En effet, s'agissant des douze poèmes publiés ici, ils témoignent, derrière leur apparente naïveté - il est notamment question de l'histoire d'un petit chat - d'une sensibilité à fleur de peau. Et rarement, l'écart aura été aussi fort entre le côté clair et le côté sombre des choses, ce qui fait le prix de ce recueil.

Derrière cet univers tourmenté existe la fragilité du poète, et derrière cette fragilité, il y a la laideur de la vie réelle, qui dicte la nécessité de s'en échapper par l'écriture, mécanisme bien connu des poètes.

À cet égard, l'entretien qui suit "A fleur de peau" a le mérite de montrer d'où vient le carburant de la poésie. J'aime cette franchise dans l'expression.

Car on ne choisit pas d'être poète, je le crois aussi. La vie le fait pour nous.

Les images sont de Vincent Rougier.

Extrait de A fleur de peau de Catherine Andrieu :

"Sur ton dessin il y a une maison
Avec le toit pointu et des chats qui se
transforment
En cheminées
Sur ton dessin le soleil est plus gros que la fenêtre
Et la fleur, que maman.
Sur ton dessin il y a papa qui a quatre doigts
Il est tout petit à côté de moi.
Sur ton dessin papa ne boit pas
Et maman a des ailes pour butiner.
Sur ton dessin il y a une plante carnivore
Qui te vomit. A l'école le Monsieur
N'a pas le droit de te toucher
Là, tu sais, entre les jambes.
Sur ton dessin le ciel est noir et je crache du sang
La chat est tombé dans la cheminée
Le soleil ne peut entrer dans la chambre
Le toit pique comme un cactus.
Mais sur ton dessin je suis là, petite sœur.
N'oublie pas de tracer le chemin qui conduit hors du dessin."

 


Si vous souhaitez en savoir plus sur "A fleur de peau", de Catherine Andrieu, qui est venu au prix de 13 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.rougier-atelier.com/?product=ficelle-n142-a-fleur-de-peau

Retrouvez l'article  dans  la revue Traction- Brabant n° 90  ( septembre 2020)   et sur son site  ( 10 août 2020 ) : 
http://poesiechroniquetamalle.blogspot.com/2020/08/a-fleur-de-peau-de-catherine-andrieu.html

 

 



 

J'ai commencé à dessiner des anges, de Catherine Andrieu

Publié par les Éditions Rafaël de Surtis (qui ont déjà édité précédemment plusieurs livres de Catherine Andrieu), dans sa collection "Pour un Ciel désert", "J'ai commencé à dessiner des anges" est un recueil de textes en prose d'une page, qui font face à des dessins joliment colorés (sur la page de gauche) de l'auteur (dont celui de la première de couverture).

Qui est l'ange ? C'est la femme bien sûr, accompagnée de son ange gardien (ou de son prince charmant en attente de métamorphose ?) : le chat.

Ici, les proses arrivent après les images. En tout cas, elles les commentent. La caractéristique de ces textes, c'est qu'ils font montre d'une sensibilité peu ordinaire, racontant sans fard l'histoire entre une femme et son chat. Histoire d'amour ? Pas seulement. Histoire de mort aussi.

Dans "J'ai commencé à dessiner des anges", enfance (naïveté) et adolescence (écorchure) sont liés dans l'âge adulte. Et il en faut, du courage, pour aller aussi loin dans l'expression de la lucidité.

La préface est de Jacqueline Andrieu, la sœur de l'auteur.

Extrait d'un des textes de "J'ai commencé à dessiner des anges", de Catherine Andrieu :

"Sur le dessin la femme n'est pas belle. On dirait qu'elle n'a pas de mains. Peut-être l'enfant n'a-t-elle pas réussi à lui dessiner les mains...On dit que pour juger de la qualité d'un peintre, il faut regarder ses visages peints et ses mains. J'ai tout faux ! À moins que la femme ne saigne à gros bouillons… Le chat est trop gros aussi, il est à peine esquissé… Il n'y a rien de plus jouissif que de dessiner la silhouette d'un chat, même si ma sœur trouve que mes chats ressemblent parfois à des lapins. Là où tu vas, mon vieux chat, je te suivrai. Toutes mes amours sont mortes, je suis dans le vide. Je n'ai que toi au monde… Dis-moi si tu meurs ou si tu meurs pas. Faudrait savoir des fois !... Je veux ton corps dans la poussière d'étoiles. (…)"

 

Si vous souhaitez vous procurer J'ai commencé à dessiner des anges, de Catherine Andrieu, qui est vendu aux prix de 17 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.rafaeldesurtis.fr/index.html

Retrouvez l'article sur le site de la revue Traction-Brabant ( 18 octobre 2020 ) :  
http://poesiechroniquetamalle.blogspot.com/2020/10/jai-commence-dessiner-des-anges-de.html