Critique de
Paule Milamant

 

Je suis l'oiseau du vent

Florilège, n° 200

Et si tout était dit dans l’illustration de la couverture : la mer, la nuit, un croissant de lune, une jeune fille qui pose de trois quart, elle tient un chat noir dans son bras gauche, sa main droite à hauteur du cou semble vouloir tenir ou retenir… quoi ? Un cri, un souffle, un souvenir ? Où se perd son regard ?  Du bleu sombre de la nuit qui se reflète dans le creux des vagues, s’irise  du blanc d’un croissant de lune,  dérobe à l’horizon des nuances de bleu céruléen, de rose, de mauve pour les déposer en passant sur les cheveux, le voile léger de la robe  qui flottent au vent ... Seules les lèvres rouges, charnues sont elles bien présentes tout comme les yeux verts du chat noir qui fixent le lecteur …
Dans les douze textes que l’on découvre au-delà de l’image, inerte certes, mais combien suggestive l’auteure décèle la vie dans l’inertie de la matière. Texte I « Le marbre frissonnait sous ta caresse,/les statues prenaient souffle./ Camille, tu es là, /...Et ton cri traverse le marbre,/ il traverse la poussière des silences,/...». Texte III « .../Trois ombres glissent hors du cadre,/sans bruit/les mains vides,/… À contrario texte IV elle matérialise l’impalpable « Je marche dans la phrase/comme on entre dans un jardin suspendu/.../je cueille un grain de soleil/…  avant de conclure : « J’ai le dernier mot/celui qui s’envole ». Si dans le douzième et dernier texte elle nous confie « Je suis l’oiseau dans le vent/l’éclair sans nid/le battement d’aile/ entre deux silences./ » dans le texte qui précède elle s’était définie ainsi « Moi je suis une errance/un vol suspendu entre deux échos/une plume qui danse/ »… une plume certes, mais une plume qui écrit, donne vie aux mots, trahit une souffrance et l’exprime avec  une sensibilité extrême.

 

Paule Milamant

paule@milamant.fr

 

Catherine Andrieu, Je suis l’oiseau du vent, Z4 Editions, 2025.
Z4 Editions