Critique de
Dominique Metz

Professeure d’espagnol et d’occitan, à propos de Des nouvelles du Minotaure ?

Bonjour Catherine,  

Je ne vous connais qu'à travers la lecture du recueil "Des nouvelles du Minotaure ?"
Je m'appelle Dominique. J'habite dans les Landes. Je suis professeure d'espagnol, mais depuis trois ans, j'enseigne l'Occitan dans un collège de Chalosse, cette partie des Landes si joliment vallonnée.

J'ai beaucoup aimé Des nouvelles du Minotaure. J'ai apprécié de ne pas tout comprendre d'emblée, en me laissant infuser lentement par les mots et les images, pour aller plus loin dans la lecture... et plus loin en moi (!), en m'abandonnant à la musicalité des phrases, aux sonorités silencieuses qu'offre l'expérience de la lecture, aux échos picturaux et métaphoriques... 
J'ai été sensible à la question de "Qui je suis ?" qui me renvoie à mes propres questionnements, mais aussi à la façon avec laquelle vous estompez subtilement les frontières entre réalité et fiction, existence vécue et rêves, présent et passé...

Dans votre écriture, je sens une volonté de pouvoir tout dire sans expliquer, en peignant avec les mots. 
Je perçois une tentative (réussie) pour comprendre l'Incompréhensible, un désir nécessaire de pardonner l'horreur sans effacer la souillure à jamais là, d'offrir une dignité à la Douleur d'être et aux blessures de l'enfance.
Il y a, de phrase en phrase, une tension ondulante entre la caresse et l'érection, entre les vigoureuses chevelures flamboyantes pleines de vitalité et la violence des traumatismes d'un vécu plus ou moins lointain (vous évoquez le viol, le recours au suicide, des amours impossibles, déçues ou interrompues)... entre le dire de l'aveu et celui du mensonge, entre les éclairs de l'Éveil et ceux de la folie, les traces profondes de vécus autobiographiques et les échappées oniriques, les images personnelles récurrentes et les références mythologiques et picturales... entre l'enfermement dans un corps que l'on n’a pas choisi en naissant et la fuite hors du corps vers un au-delà étoilé et sans limite... entre la jouissance charnelle et l'extase mystique... entre la hantise et les tourments existentiels provoqués par les fantômes d'un passé douloureux, spectres parentaux inspirant une certaine frayeur et l'admiration pour Jacqueline, la Soeur très présente dans le cœur et à travers ses mystérieux tableaux entreposés chez vous... 
Il y a aussi ces ondulations ou tiraillements entre la femme bloquée dans les âges de l'enfance, à 4 ans, à 10 ans... la femme statufiée dans un corps meurtri, une spectatrice de la vie et des vivants, et la femme chevauchant l'Espace-Temps par la Poésie. Autant de voyages rendus possibles grâce à la magie de la poésie ! 
Je me sens aussi une "voyageuse immobile" à ma façon.

Merci, Catherine, pour tout cela. 
Et un grand merci également à Anora (Borra) qui m'a prêté votre recueil.

Bien chaleureusement,
Dominique Metz