Critique de
Julius Nicoladec

 

ALORS JE JOUAI ANTIGONE

à cœur éperdu...

 


Poète et peintre, Catherine Andrieu revendique une parole brutale et sans fioritures, s’interrogeant sur la situation de l’individu, faite de souffrance et de solitude, dans une réalité qui n’en a cure. Elle a publié une vingtaine de recueils, poèmes, récits, entretiens. Le présent recueil, assez bref —17 poèmes —, a été édité en tirage limité en 2019 dans la collection «  Pour une terre interdite » aux éditions Rafael de Surtis.


Jouant Antigone, comme l’annonce le titre, dans un recueil en conséquence naturellement dédié de manière ambivalente à son père, auquel est plus spécialement consacré le neuvième poème, elle revient à une forme classique de poèmes en rimes. Ce retour, tout en étant une référence au dit père, de formation traditionnelle, n’est aucunement pour elle une régression, mais au contraire une volonté de subvertir, comme le souligne Daniel Brochard dans sa préface.


S’il y a bien là poèmes d’amour, ils sont parfois d’une violence dérangeante. Leur érotisme en est éventuellement assez cru. Il y est par exemple question, entre autres, de la verge, cette énigmatique sphinge… Selon ses propres termes, la tendresse ne s’atteint en effet que dans un effort furieux. Les thèmes abordés semblent également indiquer une dimension autobiographique, qu’il s’agisse de ses lectures, de ses vernissages, de ses amours. À travers ses références littéraires multiples, elle revendique dans tous les cas ce regard clair dont elle juge que seule peut parvenir à l’obtenir une âme monstrueuse.
Une écriture qui se veut donc à cœur éperdu, car, proteste-telle, « toutes les sagesses n’obtiendront que mon cri ».

 

Julius NICOLADEC, dans la revue Florilège

julius@nicoladec.fr