Poèmes, récit, théâtre
Poèmes de la Mémoire oraculaire
Préface de Jean Hourlier
Un amour, le bord d’un canal (extrait)
Une ville, le bord d’un canal.
Une jeune femme. Blanche, spectrale.
Sous la pluie.
Elle dessine dans l’espace des mouvements colorés, avec ses mains.
Elle est immobile.
Sous la pluie.
Des gens passent, qui la regardent.
Une folle, c’est ce qu’elle leur semble être.
Son nom, c’est Catleen.
Elle regarde la ville, toute sa vie passée à ça, regarder la ville, ceux qui passent, en moulinant des histoires invisibles avec ses mains.
Qui peut deviner sa solitude ?
Quand elle ne regarde pas, quand, au bord d’un gouffre d’épuisement ou de lassitude elle cesse ça, cette activité, regarder, alors elle peint des visages de femmes. Son visage. En grand, sur
des toiles de lin. C’est ce qu’elle fait alors.
La pluie tombe toujours, elle dessous.
Elle est trempée mais toujours pas en mouvement.
Elle regarde et attend.
La fin de l’averse, un amour, quelque chose. N’importe quoi.
(...)